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Quand courir devient impossible : une lésion du tendon central du soléaire chez un triathlète compétiteur

  • 4 août
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 14 oct.

De la discordance clinico-imagerie au diagnostic précis : intérêt de la classification de Prakash appliquée au soléaire


lésion soléaire coureur



















Présentation du patient

Un triathlète de 33 ans, habitué aux compétitions d’endurance, interrompt brutalement une course de 10 km suite à une douleur aiguë de la face postérieure du mollet droit. Ce n’est pas la première fois : il a déjà souffert de lésions musculaires du mollet en 2019 et 2024, avec en parallèle un terrain tendineux fragile (tendinopathie du moyen fessier, du tendon d’Achille et syndrome de friction de la bandelette ilio-tibiale).


Dans les semaines qui suivent :

  • Boiterie persistante

  • Course impossible

  • Douleur à l’étirement et à la contraction du triceps sural, notamment en unipodal

  • Palpation douloureuse au ⅓ inféro-médial du mollet


Pourtant, une première échographie réalisée par un médecin du sport ne montre aucune lésion.



Diagnostic différentiel d'une douleur du mollet
Diagnostic différentiel d'une douleur du mollet


Des symptômes clairs, mais une image blanche

Devant la persistance des symptômes et une clinique très orientée vers une atteinte du soléaire, le patient consulte à distance de l’événement aigu. L'anamnèse, les tests dynamiques, les douleurs à la contraction et à l'étirement en charge sont hautement suggestifs d'une atteinte du triceps sural profond.


En attente d'une IRM (délai d’un mois), une nouvelle échographie est réalisée, en se concentrant spécifiquement sur le soléaire avec des coupes ciblées.


Résultat : une lésion du tendon central du soléaire est mise en évidence :

  • Œdème localisé

  • Désorganisation des fibres musculaires adjacentes

  • Perte de continuité du tendon conjonctif central

  • Pas de rétraction dynamique visible


Cette concordance clinique-écho a permis de poser un diagnostic précis et de débuter un traitement ciblé sans attendre l’IRM.



Échographie soléaire (axial)
Échographie soléaire (longitudinal)


Échographie soléaire dynamique

Confirmation IRM et classification de Prakash

L’IRM réalisée par la suite est venue confirmer la lésion objectivée à l’échographie :

  • Œdème adjacent au tendon central du soléaire

  • Perturbation des myofibrilles adjacentes

  • Épaississement et discontinuité intra-tissulaire du tendon central

  • Pas de rétraction tendineuse


Il s’agit d’une lésion de grade 2 selon la classification de Prakash, une classification IRM décrivant les lésions musculaires du mollet, notamment celles du soléaire, en fonction de l’atteinte du tissu conjonctif et musculaire.



Transposition à l’échographie pour une lésion du tendon central du soléaire?

Même si la classification de Prakash a été conçue pour l’IRM, elle peut être partiellement transposée à l’échographie, à condition de savoir quoi chercher :

  • Œdème

  • Désorganisation des myofibrilles

  • Discontinuité du tissu conjonctif

  • Rétraction dynamique ou non du tendon


⚠️ Toutefois, il faut garder à l’esprit que l’échographie est peu sensible aux lésions du soléaire, notamment si elles sont profondes ou partielles.

Ce cas en est un exemple : la première échographie n’a rien révélé, alors même que la lésion paraissait évidente lors de l’examen ciblé réalisé par un clinicien formé et orienté.



Pourquoi ce diagnostic change tout

Identifier une lésion du tendon central du soléaire permet d’adapter la prise en charge :

  • Charge progressive sur le triceps sural profond

  • Exercice de renforcement en position fonctionnelle

  • Réintégration différenciée des disciplines (course vs natation vs vélo)

  • Travail spécifique sur la chaîne postérieure et prévention des récidives

Ce diagnostic évite aussi les erreurs classiques : reprise trop précoce, traitement inadapté (étirements passifs, etc.), ou frustration liée à l’absence de réponse à une prise en charge non ciblée.



✅ À retenir

  • Les lésions du tendon central du soléaire sont fréquentes chez les coureurs et triathlètes, mais souvent sous-diagnostiquées.

  • Une clinique bien menée oriente souvent mieux que l’imagerie seule.

  • La classification de Prakash, initialement IRM, peut guider l’analyse échographique si l’examen est ciblé.

  • Un raisonnement clinique affûté reste essentiel, notamment face à une imagerie initiale négative.



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